LA TAPISSERIE ÉTRANGÈRE AU XVIII° SIÈCLE          381
Cependant rien n'avait été épargné par le gouvernement des Pays-Bas pour arrêter la décadence de l'industrie nationale. En 1707, une ordonnance, renouvelée en 1733, exemptait de tous droits d'entrée et de sortie « les tapisseries vieilles ou nouvelles, simples ou mêlées de soie, d'or et d'argent. Le prince Charles de Lorraine fait de son côté de sérieux sacrifices pour prolonger la vie du métier de basse lice. Sur les comptes de 1756 et 1757 figurent des sommes élevées payées au peintre de la Pegna pour cartons de tapisseries fournis sur les ordres du gouverneur général.
Malgré tous ces efforts, Bruxelles ne .possède plus, en 1763, que trois ateliers, bientôt réduits aux établissements des Leyniers et des van dei- Borcht. La fabrication du premier prend fin en 1770, et le gouvernement paye aux neuf ouvriers restés sans ouvrage une pension de 5 florins par semaine. Au bout de deux années; la pension est supprimée; on engage les tisserands qui la recevaient à entrer chez Jacques van der Borcht.
En 1770, le conseil des finances avait pris l'engagement envers van der Borcht de lui faire exécuter chaque année pour 4 à 5,000 florins de tapisseries, afin de l'aider à nourrir ses ouvriers. Cette promesse fut fidèlement observée pendant deux ans; mais bientôt les commandes font défaut, et le travail est presque com­plètement arrêté. Les ouvriers partent pour les villes de Madrid et de Saint-Pétersbourg, qui leur avaient adressé des offres avan­tageuses.
Quand l'empereur Joseph II visita la ville de Bruxelles, en 1781, l'établissement de van der Borcht, le dernier des tapissiers bruxel­lois, ne comptait plus que trois métiers en activité. En 1789, on réclamait à ce fabricant certains dessins de tapisserie appartenant à l'empereur, qui lui avaient été prêtés.
Le décès de Jacques van der Borcht, mort célibataire le 13 jan­vier 1794, mit un terme à cette lente agonie de la glorieuse industrie bruxelloise. Le dernier représentant de la tapisserie flamande lais­sait en magasin un certain nombre de tentures; elles furent ven­dues quelques années plus tard au roi de Westphalie, Jérôme Napo­léon, et périrent dans l'incendie du palais de Cassel.
On a signalé, au cours de ce travail, les causes multiples de la décadence et de la ruine du métier qui avait fait la réputation et la fortune des artisans flamands. Elles se trouvent résumées